La Suisse est célèbre pour ses montagnes, sa neutralité et son secret bancaire. Si on y ajoute sa tradition d’industrie horlogère de précision, on pourrait s’attendre à ce que le respect des règles et des procédures y soit la norme. Pourtant, lorsqu’elle décide, sur un panel de quatre avions de combat, de sélectionner celui qui correspond le moins à son cahier des charges, sous prétexte que ce serait le moins cher, on est amené à s’étonner.
L’argumentaire exposé par le Conseil fédéral en faveur du F-35A minimise les éléments autrefois jugés stratégiques d’autonomie et de compensations industrielles au profit d’une dithyrambe digne d’une brochure commerciale de Lockheed Martin. Or au même moment, outre-Atlantique, celle-ci est démentie par la Commission parlementaire en charge du programme et par le chef d’État-major de l’US Air Force qui déplore l’inadéquation du F-35A à la mission même pour laquelle il a été sélectionné en Suisse.
Qu’a donc dit Joe Biden lors de sa rencontre avec le président du Conseil fédéral Guy Parmelin, à la veille du sommet américano-russe de Genève ? Probablement la même chose que ce qu’aurait dit Donald Trump, mais sur un ton bien plus posé. Car quel que soit l’occupant du bureau ovale, les affaires restent les affaires et tous les coups y sont permis. Les États-Unis sont le plus gros investisseur en Suisse et le Crédit Suisse de Zürich a payé très cher de vouloir leur opposer le sacro-saint secret bancaire pour couvrir l’évasion fiscale. Ancien sénateur du Delaware, paradis fiscal assumé, Joe Biden connaît bien le sujet.
Mais les montagnards du pays de Guillaume Tell n’aiment guère qu’on leur force la main et ils ont déjà fait savoir que l’affaire ne se conclura pas sans une nouvelle votation. Le F-35A connaîtra-t-il le sort du Gripen ? Affaire à suivre.
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