Imaginons que la flotte mondiale d’A320neo soit clouée au sol et que la production de nouveaux monocouloirs soit interrompue chez Airbus. Imaginons que la production des missiles balistiques nucléaires M51 soit retirée à ArianeGroup, filiale du groupe. Au passage imaginons qu’Airbus Defence & Space n’enregistre plus aucun contrat de satellites commerciaux, que son dernier développement le plus ambitieux cafouille lors de son vol inaugural. Et pour ne rien arranger, ses ravitailleurs MRTT seraient incapables d’accomplir leur mission de base : ravitailler.
Dans un tel scénario cataclysmique, remettant en cause les compétences du groupe industriel dans ses cœurs de métiers, nul doute qu’Airbus serait à genoux, avec un cours en Bourse au plus bas. Compte-tenu de sa place de choix dans la BITD (Base industrielle et technologique de défense) européenne, les gouvernements de Paris et Berlin, mais aussi de Madrid voire de Londres, se pencheraient à son chevet.
Heureusement pour le groupe toulousain, cette noire situation n’est pas la sienne mais celle de son rival Boeing. Or, même s’il enregistre des pertes pour la première fois depuis 1997, le géant américain se maintient bien en Bourse.
Valorisé à 179 Md$ contre 108 Md€ pour son rival européen, il bénéficie surtout d’une taille critique. Plus que de la sienne c’est surtout celle de son premier donneur d’ordre qui compte. Lorsqu’il s’agit du Pentagone, avec un budget en hausse constante qui atteint 738 Md$ pour 2020, Boeing est assuré – comme ses rivaux Lockheed Martin et Northrop Grumman – qu’il y aura toujours de nouveaux marchés à prendre, des contrats de développement, de production ou de maintenance, avec des montants dont n’osent rêver les industriels du reste du monde, pour attendre des jours meilleurs.
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