Boeing a réalisé la pire année de son histoire, et ses premières pertes depuis plus de vingt ans. Pourtant, personne ne se pose la question d’une éventuelle faillite du géant de l’aviation : on sait par avance qu’elle n’aura jamais lieu. Car l’entreprise est d’abord un fleuron de l’industrie américaine, et également un fournisseur incontournable du Pentagone.
Or les Américains ne s’embarrassent pas de discours sur le « patriotisme économique », remis chez nous à la mode à coup de marinière. Dans les couloirs du Capitole cela n’a rien d’un vain mot, et l’état fédéral ne rechigne pas à soutenir à bout de bras ses entreprises indispensables.
Point de règles européennes qui empêcheraient de créer un fleuron continental, pas d’obligation d’ouvrir ses financements à ses adversaires. En revanche, les Américains appliquent un lobbying agressif, n’hésitant pas à réclamer à tout prix l’ouverture du fonds de défense européen, pour qu’il puisse aussi bénéficier à leurs entreprises.
Quant à leurs lois extra-territoriales, elles ont coûté des milliards de dollars à des entreprises étrangères qui n’ont pu que courber l’échine face à la puissance économique et juridique du géant américain.
Cette politique, antérieure à Donald Trump, sera aussi celle de son successeur, et des suivants. Face à elle, l’Europe continue de se comporter en nain politique et pourrait devenir aussi un nain économique.