« Le début le plus calme qu’on ait vu en dix-huit ans ! » Le cri du cœur d’un journaliste vétéran de Farnborough résumait assez bien lundi matin l’ouverture du salon britannique. À moins d’un an du Brexit et alors qu’on attend dans la semaine la présentation du plan de financement de la Défense par le gouvernement de Londres, l’ambiance était attentiste sur les vraies décisions à venir.
Beaucoup d’avions civils
La journée a néanmoins été fertile en annonces commerciales, les grands avionneurs attendant traditionnellement les salons pour annoncer en grandes pompes leurs commandes les plus récentes. Le total des commandes a atteint 46,4 Md$, soit le double de ce qui avait été engrangé lors du premier jour du salon de 2016. Les avions civils, au nombre de 311, ont totalisé 43,6Md$ de commandes, 2,8 Md$ revenant aux motoristes. À noter pour Airbus, une commande de 80 A320 pour un client mystère dont on sait seulement qu’il s’agit d’un des plus importants loueurs.
Le gouvernement britannique met les pieds dans le plat
La surprise est venue du gouvernement britannique, dont le Premier ministre Theresa May est venue inaugurer le salon. Le ministère de la Défense a publié le matin sur son site un rapport de 36 pages décrivant sa stratégie aérienne de combat. Une publication immédiatement suivie d’effets : une conférence de presse de dernière minute chez BAE Systems a dévoilé la maquette et les ambitions du Tempest, avion de « prochaine génération » que la Grande-Bretagne souhaite de concevoir seule, au sein d’un consortium qui rassemble, outre BAE, MBDA UK, Leonardo et Rolls-Royce.
Cette annonce ambitieuse est surtout une réplique au programme FCAS franco-allemand, mené par Airbus et Dassault. Les 2 Md£ annoncés pour mener les études pourraient venir des lignes de crédit du F-35, dont le montant total de la commande reste flou.
Londres souhaitait en effet acquérir jusqu’à 138 F-35, mais se contente pour l’instant d’une commande ferme de 48 avions, dont 15 ont été officiellement livrés. L’avion, qui doit être une des stars du show, n’était pas encore arrivé lundi matin. Seul un F-16 devait voler dans l’après-midi.
Boeing fait durer le suspense
Boeing, qui s’est exprimé devant quelques journalistes dimanche soir à Londres, n’a pas encore annoncé de décision concernant le futur MoM (Middle of Market). La décision devrait intervenir « à la fin de 2019 », a dit le P-DG de Boeing Commercial Aircraft lors d’une visite à Seattle pour un lancement toujours prévu en 2025.
Le CSeries en vedette américaine… et européenne
En attendant, c’est Airbus et son nouvel A220, présenté la semaine dernière à Toulouse, qui était la vedette canado-européenne du salon. L’ex-CSeries, qui a enregistré sous son nouveau nom sa première commande le 10 juillet dernier – 60 avions fermes pour 2020 et 60 options d’ici 2025 du modèle A220-300 pour la compagnie américaine Jet Blue – affichait sa nouvelle livrée et devait présenter ses performances de vol lors d’une démonstration.
L’A330neo de la compagnie portugaise TAP faisait aussi ses débuts sur le tarmac de l’aéroport.
Des ambitions britanniques spatiales
C’est l’espace britannique, considéré comme stratégique par le gouvernement dans le cadre de la sortie de l’Union Européenne, a été le plus grand pourvoyeur d’annonces originales. Des études pour des spatioports (spaceports) destinés à des petits lanceurs – traditionnels ou aérolargués – ont reçu une première promesse de financement du gouvernement.
Cet article compte 610 mots.