Deux mois avant la réunion d’un Conseil ministériel périlleux à Paris, le directeur général de l’ESA peaufine ses propositions. Il a dévoilé ses ambitions lors des deux semaines spatiales qui se sont succédé dans la capitale, avec la World Satellite Business Week d’Euroconsult et le congrès annuel de la Fédération internationale d’astronautique. Trois ans après que son prédécesseur a obtenu 14,4 Md€ à Séville, Josef Aschbacher va demander aux ministres de ses 22 États membres d’investir 18,5 Md€, soit 28 % de plus.
Il y aura beaucoup sur la table : 3 Md€ pour le transport spatial, avec la préparation de l’après Ariane 6 et des technologies de réutilisation, 3 Md€ pour l’exploration avec la contribution au programme américain Artemis, le développement d’un atterrisseur lunaire et le retour d’échantillons martiens, et encore 3 Md€ pour l’observation de la Terre avec la préparation d’une nouvelle génération de satellites pour le programme Copernicus. La constellation souveraine européenne sera aussi au menu.
Mais la situation internationale a changé depuis 2019. Le Covid-19 et la guerre en Ukraine sont passés par là. Entre la crise énergétique qui s’annonce pour l’hiver, les déficits qui ont été creusés et l’inflation qui s’installe, pourra-t-on compter sur une politique volontaire ? L’Allemagne a changé de gouvernement. L’Italie va en faire autant. La France n’a plus de majorité parlementaire et le Royaume-Uni s’enfonce dans la crise.
Pour Josef Aschbacher, la situation géopolitique n’en justifie que plus l’investissement demandé. La démonstration a été faite de la nécessité absolue d’une souveraineté européenne dont les capacités spatiales seront une garantie. Il pourrait trouver une alliée inattendue dans la rivalité entre les grands pays, chacun voulant s’assurer de ne pas être dépassé par les investissements des autres. Ce grand projet reste toutefois à la merci d’un imprévu sur le lancement d’Artemis 1, repoussé à la mi-novembre, et sur lequel reposent les espoirs lunaires européens.
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