Boeing a bien raison de s’insurger contre le rapprochement entre Airbus et Bombardier et de réclamer des conditions équitables pour une concurrence « à armes égales ». Le soutien étatique dont bénéficient indûment les deux avionneurs européen et canadien par le biais des subventions serait tout simplement impossible aux États-Unis où le succès des entreprises du secteur ne résulte que de l’investissement privé et de la volonté de Dieu.
Il est évident que jamais en Amérique, une entreprise du secteur de la Défense ne s’aventurerait à franchir la sacro-sainte frontière qui sépare le monde de l’industrie de celui de la politique ou du renseignement. Hors de question pour l’industrie américaine de financer des partis politiques ou de dicter à l’oreille des sénateurs dans les couloirs du Capitole des législations taillées pour écarter ses éventuels concurrents de ses marchés de prédilection.
Sur cette terre éprise de liberté – surtout d’entreprendre – nul gouvernement n’a jamais exercé de pressions sur ses alliés pour qu’il se dotent de matériels qui ne répondent pas à leurs besoins et excédent les budgets prévus, ni fomenté de conflit armé ou de coup d’État dans des pays tiers pour soutenir les intérêts de ses industriels privés.
Dans un monde où les États-Unis font et imposent les règles, les Européens devraient accepter leur défaite et se soumettre au joug bienveillant de Washington. Si l’Union européenne se maintient dans son rôle de géant économique à la psyché de nain politique, cela pourrait arriver plus rapidement qu’on ne le pense.