Lorsqu’il est organisé sans concertation, le recours au référendum est souvent un aveu d’impuissance de l’exécutif face à une question qui divise l’opinion selon des lignes ne respectant pas les clivages politiques classiques. En réduisant des dossiers complexes à un choix binaire confié à des électeurs dont le degré d’implication, d’information et de compréhension est très variable, l’exécutif joue en général les Ponce Pilate et se lave les mains des conséquences.
Dévoyé de son rôle de plébiscite, ce type de référendum rend caduque toute possibilité de négociation à défaut de consensus. L’opinion publique est soumise au matraquage des lobbies qui cristallisent les émotions aux dépens de l’analyse. Trop souvent, les électeurs ne répondent même plus à la question et expriment juste leur frustration.
Deux référendums, d’ampleur très différente, se succéderont à trois jours d’écart fin juin. Le 23, le Royaume-Uni se prononcera sur son avenir au sein ou à l’extérieur de l’Union Européenne. Pour préparer cette échéance, Tom Enders, le patron d’Airbus, s’est fendu le 4 avril d’un courrier à l’intention de ses employés britanniques les avertissant des conséquences d’un éventuel « Brexit » sur l’avenir de leurs activités : « Nos investissements futurs dépendent en très grande partie de l’environnement économique ». Ceux qui partout en Europe considèrent que l’UE est au service des multinationales ne manqueront pas d’y voir une menace à peine voilée et pourront en faire leurs choux gras.
Le 26, les habitants de la Loire Atlantique trancheront sur le dossier du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Entre un simple oui ou un simple non, il n’est pas sûr que les options alternatives décrites dans le rapport remis le 5 avril à Ségolène Royal – et décrites dans notre dossier – soient prises en comptes